L’intérêt pour le sujet de la recherche nait de la prise de conscience de l’importance croissante attribuée par les différentes disciplines à la notion du temps et à sa relation avec l’évolution de la ville. En effet, la ville, en tant que manifestation physique des modes de vie de la société, a de nombreux rapports avec le temps : le « temps long », c’est-à-dire le temps de l’histoire dans son intégralité et de l’image dans le temps, et le « temps court », à savoir le temps des transformations partielles et quotidiennes. La complexité du titre de la recherche : « L’évolution dialectique spatio-temporelle dans la culture du projet urbain contemporain » conduit nécessairement à une décomposition de la structure de la phrase et à une série de réflexions sur certaines questions. La première réflexion concerne la relation entre l’espace et le temps et son évolution dialectique. L’intérêt porté à la « dimension spatio-temporelle » a été traditionnellement au centre de disciplines comme la philosophie et la physique, mais d’autres disciplines s’y sont également intéressées, comme la sociologie et les sciences sociales, la géographie, la littérature et l’art, d’une façon tout autre qu’épisodique. Pour la science, c’est seulement avec Albert Einstein que l’aristotélisme, pensée selon laquelle les concepts d’espace et de temps sont conçus comme des entités distinctes, est définitivement révolu. Une des conséquences directes de la théorie de la relativité est l’introduction du concept de « chronotope », avancé par le mathématicien Eugène Minkowski, dont les théories ne se basent plus sur la conception d’un espace tridimensionnel (les coordonnées cartésiennes) mais s’appuient sur un espace à quatre dimensions, dont la quatrième dimension est constituée par le temps. Cela conduit nécessairement à considérer les deux dimensions inextricablement liées l’une à l’autre. Cependant il est important de souligner un double aspect : tandis qu’il est pratiquement impossible d’imaginer le temps en dehors des acteurs, car les structures temporelles ne nous apparaissent que grâce aux sujets qui « vivent » le temps (le temps mesuré n’a de sens que si il est accompagné par le temps subjectif), l’espace semble quant à lui être doté de sa propre objectivité, indépendante de ces derniers. L’introduction du temps dans la spatialité est un point de départ fondamental, car elle supprime définitivement toute tentation de réduire l’espace à une simple photographie de la réalité sociale, non seulement en insérant par « force » un élément dynamique, mais surtout en introduisant, à travers les différents rythmes du temps social, la complexité des pratiques. Observer les phénomènes spatiaux du point de vue temporel semble donc être en mesure de contribuer au dépassement d’une conception statique de l’espace en faveur d’une spatialité dynamique et axée sur le sujet.La seconde réflexion, nécessaire pour comprendre le concept de culture du projet urbain contemporain, se rapporte à l’objet du projet urbain, c’est-à-dire la ville, au centre du débat pluridisciplinaire. Dans la ville contemporaine, la notion d’espace a évolué au cours de l’histoire et profondément changé, et les principes d’universalité et de rationalité ont été remplacé par des représentations mentales qui font appel au contraste et au conflit, à la multiplicité et à la complexité. Aux définitions claires de la description de la ville traditionnelle, liées à ce qui est stable, concret et mesurable, se sont ajoutés des termes hétéroclites de la ville contemporaine, dans laquelle se reconnaissent des lieux traversés par différentes écoles, avec des temporalités et des protagonistes différents, sans aucune règle définie. La morphologie de la ville ne se présente plus comme une structure hiérarchisée qui se parcourt dans tous les sens et est perçue comme un ensemble, mais elle devient le lieu de la discontinuité, de l’hétérogénéité, de la fragmentation et de la transformation interrompue, expression d’une nouvelle « forme du temps ». L’interprétation de la ville contemporaine, dans laquelle les flux temporels s’entrecroisent avec des configurations spatiales hétérogènes et discontinues, devient donc tellement complexe qu’il est alors nécessaire d’imposer la recherche de méthodes et de pratiques qui assument, d’une part, la complexité comme une opportunité et, d’autre part, rendent au temps un rôle fondamental dans l’orientation des rythmes de la réalité sociale et de la forme urbaine. Selon cette perspective, les disciplines de l’urbanisme et de l’architecture, qui traditionnellement se sont occupées de la ville comme d’un objet d’intérêt propre, se trouvent aujourd’hui en difficulté dans la définition de leur propre utilisation du temps, devant se confronter avec des éléments qui évoluent à des rythmes différents : d’un coté, le temps de plus en plus rapide des individus et de la société, de l’autre coté le tempo plus lent de l’espace physique. Cela entraine nécessairement à dépasser la « culture de l’être » basée sur une configuration statique de la ville, pour bénéficier d’une « culture du devenir », basée sur une configuration dynamique de la ville qui se fonde sur le concept du mouvement et de la vitesse.

L'evoluzione dialettica spazio-tempo nella cultura del progetto urbano contemporaneo

SAU, FIAMMETTA
2012-03-12

Abstract

L’intérêt pour le sujet de la recherche nait de la prise de conscience de l’importance croissante attribuée par les différentes disciplines à la notion du temps et à sa relation avec l’évolution de la ville. En effet, la ville, en tant que manifestation physique des modes de vie de la société, a de nombreux rapports avec le temps : le « temps long », c’est-à-dire le temps de l’histoire dans son intégralité et de l’image dans le temps, et le « temps court », à savoir le temps des transformations partielles et quotidiennes. La complexité du titre de la recherche : « L’évolution dialectique spatio-temporelle dans la culture du projet urbain contemporain » conduit nécessairement à une décomposition de la structure de la phrase et à une série de réflexions sur certaines questions. La première réflexion concerne la relation entre l’espace et le temps et son évolution dialectique. L’intérêt porté à la « dimension spatio-temporelle » a été traditionnellement au centre de disciplines comme la philosophie et la physique, mais d’autres disciplines s’y sont également intéressées, comme la sociologie et les sciences sociales, la géographie, la littérature et l’art, d’une façon tout autre qu’épisodique. Pour la science, c’est seulement avec Albert Einstein que l’aristotélisme, pensée selon laquelle les concepts d’espace et de temps sont conçus comme des entités distinctes, est définitivement révolu. Une des conséquences directes de la théorie de la relativité est l’introduction du concept de « chronotope », avancé par le mathématicien Eugène Minkowski, dont les théories ne se basent plus sur la conception d’un espace tridimensionnel (les coordonnées cartésiennes) mais s’appuient sur un espace à quatre dimensions, dont la quatrième dimension est constituée par le temps. Cela conduit nécessairement à considérer les deux dimensions inextricablement liées l’une à l’autre. Cependant il est important de souligner un double aspect : tandis qu’il est pratiquement impossible d’imaginer le temps en dehors des acteurs, car les structures temporelles ne nous apparaissent que grâce aux sujets qui « vivent » le temps (le temps mesuré n’a de sens que si il est accompagné par le temps subjectif), l’espace semble quant à lui être doté de sa propre objectivité, indépendante de ces derniers. L’introduction du temps dans la spatialité est un point de départ fondamental, car elle supprime définitivement toute tentation de réduire l’espace à une simple photographie de la réalité sociale, non seulement en insérant par « force » un élément dynamique, mais surtout en introduisant, à travers les différents rythmes du temps social, la complexité des pratiques. Observer les phénomènes spatiaux du point de vue temporel semble donc être en mesure de contribuer au dépassement d’une conception statique de l’espace en faveur d’une spatialité dynamique et axée sur le sujet.La seconde réflexion, nécessaire pour comprendre le concept de culture du projet urbain contemporain, se rapporte à l’objet du projet urbain, c’est-à-dire la ville, au centre du débat pluridisciplinaire. Dans la ville contemporaine, la notion d’espace a évolué au cours de l’histoire et profondément changé, et les principes d’universalité et de rationalité ont été remplacé par des représentations mentales qui font appel au contraste et au conflit, à la multiplicité et à la complexité. Aux définitions claires de la description de la ville traditionnelle, liées à ce qui est stable, concret et mesurable, se sont ajoutés des termes hétéroclites de la ville contemporaine, dans laquelle se reconnaissent des lieux traversés par différentes écoles, avec des temporalités et des protagonistes différents, sans aucune règle définie. La morphologie de la ville ne se présente plus comme une structure hiérarchisée qui se parcourt dans tous les sens et est perçue comme un ensemble, mais elle devient le lieu de la discontinuité, de l’hétérogénéité, de la fragmentation et de la transformation interrompue, expression d’une nouvelle « forme du temps ». L’interprétation de la ville contemporaine, dans laquelle les flux temporels s’entrecroisent avec des configurations spatiales hétérogènes et discontinues, devient donc tellement complexe qu’il est alors nécessaire d’imposer la recherche de méthodes et de pratiques qui assument, d’une part, la complexité comme une opportunité et, d’autre part, rendent au temps un rôle fondamental dans l’orientation des rythmes de la réalité sociale et de la forme urbaine. Selon cette perspective, les disciplines de l’urbanisme et de l’architecture, qui traditionnellement se sont occupées de la ville comme d’un objet d’intérêt propre, se trouvent aujourd’hui en difficulté dans la définition de leur propre utilisation du temps, devant se confronter avec des éléments qui évoluent à des rythmes différents : d’un coté, le temps de plus en plus rapide des individus et de la société, de l’autre coté le tempo plus lent de l’espace physique. Cela entraine nécessairement à dépasser la « culture de l’être » basée sur une configuration statique de la ville, pour bénéficier d’une « culture du devenir », basée sur une configuration dynamique de la ville qui se fonde sur le concept du mouvement et de la vitesse.
12-mar-2012
Spazio
contemporary urban design
progetto urbano contemporaneo
rapporto spazio-tempo
space
space-time relationship
tempo
temporality
temporalità
time
File in questo prodotto:
File Dimensione Formato  
PhD_Thesis_Fiammetta_Sau.pdf

accesso aperto

Tipologia: Tesi di dottorato
Dimensione 8.36 MB
Formato Adobe PDF
8.36 MB Adobe PDF Visualizza/Apri

I documenti in IRIS sono protetti da copyright e tutti i diritti sono riservati, salvo diversa indicazione.

Utilizza questo identificativo per citare o creare un link a questo documento: https://hdl.handle.net/11584/266196
 Attenzione

Attenzione! I dati visualizzati non sono stati sottoposti a validazione da parte dell'ateneo

Citazioni
  • ???jsp.display-item.citation.pmc??? ND
  • Scopus ND
  • ???jsp.display-item.citation.isi??? ND
social impact